EELV fait sa rentrée: Gabriel Cohn-Bendit n’a pas confiance en Ayrault pour faire avancer l’écologie

Les journées d’été des écologistes commencent ce mercredi à Poitiers. Après deux mois au gouvernement, il est encore difficile de juger le travail des ministres issus d’Europe Ecologie – les Verts, Cécile Duflot et Pascal Canfin. Mais ces ministères ne seront pas le meilleur endroit pour faire avancer l’écologie, selon Gabriel Cohn-Bendit, ancien membre d’Europe Ecologie – les Verts. Par NouvelObs LE PLUS.22-08-2012. 

 Il est encore trop tôt pour juger de ces deux premiers mois d’actions et de concertations du gouvernement. Le travail de l’équipe de Jean-Marc Ayrault ne pourra être analysé que sur plusieurs années.

L’écologie est un point central de l’action politique aujourd’hui, mais ce n’est pas tout. Les écologistes sont dans des ministères qui n’ont pas tous directement à voir avec ces questions : Pascal Canfin est ministre délégué chargé du Développement auprès du ministère des Affaires étrangères et Cécile Duflot, ministre à l’Egalité des territoires et du Logement. 

Les écologistes au pouvoir

Quelques constats cependant quant à l’écologie au sein de gouvernement Ayrault. La socialiste Nicole Bricq, a été écartée du ministère de l’Ecologie. Elle a été mise autoritairement de côté et mutée au ministère du Commerce extérieur par Jean-Marc Ayrault après avoir posé une question importante à propos de la suspension des forages Shell en Guyane. Sans grande réaction de la part des écologistes, la socialiste Delphine Batho l’a remplacée. Impossible de ne pas s’attrister aussi de la distribution par Cécile Duflot de Légions d’honneur à six élus EELV, une décoration napoléonienne, qui ne correspond pas vraiment à nos valeurs. 

On peut être écologiste et faire partie du PS, mais Europe Ecologie – les Verts est un parti à la gauche de la gauche, ce qui explique que beaucoup de Français ne s’y reconnaissent pas. Nathalie Kosciusko-Morizet et Chantal Jouanno sont aussi présentes sur le sujet, mais on ne peut pas dire qu’au PS ou à l’UMP, ils aient réussi à convaincre leurs grandes formations d’avoir une ligne écologiste. Le parti Europe Ecologie – les Verts est né de ce constat mais, sur différents sujets, les désaccords entre écologistes existent mais ne doivent pas les diviser.

Que peuvent donc faire les écologistes ? La réponse n’est pas simple. Je ne fais cependant pas confiance au gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour l’instant pour faire avancer de manière significative les enjeux environnementaux. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui doit être construit près de Nantes – le fief du Premier ministre – et auquel s’opposent les écologistes, montre à quel point l’ancien député-maire de Nantes n’est pas très sensible à cela. C’est François Hollande qui est intervenu pour éviter les complications.

À l’Assemblée, au gouvernement et au Sénat, les écologistes n’ont certes jamais eu autant de poids dans les institutions. La majorité socialiste est claire donc le poids d’Europe Ecologie – les Verts est limité à l’Assemblée. Au Sénat, cela dit, ils pourraient faire mettre en minorité un texte, mais cela leur coûterait cher. Les élections européennes et régionales ayant été des grands succès, ce sont sur ces résultats que se sont battis les accords, notamment pour les candidatures réservées dans certaines circonscriptions dans le cadre des élections législatives. Mais le résultat catastrophique de l’élection présidentielle – qui était prévisible – vient relativiser tout cela.

Un groupe de réflexion

De nombreux écologistes comme José Bové, André Chassaigne (PC), Corinne Lepage, Jean-Luc Bennahmias (MoDem), Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko Morizet à l’UMP souhaitent se rencontrer afin de réfléchir aux façons de peser sur ces questions dont nous disons tous qu’elles sont prioritaires. La rencontre pourrait avoir lieu le 5 décembre prochain au Sénat. Nous avons pour but de créer groupe de réflexion qui lancerait des pistes sur les problèmes écologiques malgré nos différends à propos de politique étrangère, sur les questions sociales et économiques. Ensemble, nous pourrions véritablement nous faire entendre avant des votes et des prises de décision du gouvernement, de l’Assemblée et du Sénat.

Ce regroupement ne pourrait en effet pas se présenter aux élections puisque nous sommes divisés sur les sujets autres que l’écologie. C’est une des solutions pour ne pas avoir à choisir, tout en influençant les décisions de manière plus importante. Unissons-nous sur ces sujets et portons ces enjeux ensemble. Sur d’autres, comme le nucléaire par exemple, où nous avons des avis différents, discutons-en entre écologistes.

Un think-tank issu de ce groupe de réflexion pourrait ainsi être créé, et ouvert à tous les écologistes, afin que la discussion ne soit pas monopolisée par les Verts.

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Amis de la regrettée Europe Ecologie

Propos recueillis par Mélissa Bounoua.